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La politique dans les Essais de Montaigne tpe 1èreL
La politique dans les Essais de Montaigne tpe 1èreL
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12 mars 2008

Pour répondre à la problématique : les Essais

On ne trouve pas chez Montaigne de véritable déclaration politique ni surtout de véritable ébauche ou de théorie cohérente. Quand Montaigne se prononce sur la question, c’est en  décrivant ce qui devrait être ou ce qui ne devrait pas. Pour parler du pouvoir dans les Essais de Montaigne, je m’appuierai sur les chapitres 1, 4 et 9 du livre III. Le terme de politique est très peu employé dans les Essais : dix sept fois en tout et cinq fois dans le livre III. C’est le mot police qui, dans son œuvre, assume le sens de politique.

Montaigne théorise assez peu dans le domaine de la politique. Contrairement aux autres auteurs humanistes de la Renaissance comme Jean Bodin, Rabelais, Ronsard ou  Machiavel, Montaigne ne marque pas la volonté de donner une norme ou un idéal à l’art de gouverner. Ce rejet de l’idéalisme est une chose courante au XVIème : nombreux sont les auteurs qui cherchent à montrer  la réalité du pouvoir contre les « Utopies » et les théories des modèles politiques de Platon et des autres théoriciens. Montaigne considère ces Utopies comme des contre réalités à vertu plus polémique que pacifique. Montaigne se refuse à idéaliser une situation à l’époque particulièrement dramatique ; les allusions utopiques et les rois philosophes sont totalement absents de son œuvre car la vision politique est pour lui l’état des moeurs, corrompues par les guerres de Religion. Montaigne est affligé par l’état moral de son pays et par le fait que se soit l’homme privé qui souffre de cette situation : en effet, l’Etat et le pouvoir ne sont pas en danger puisqu’ils ne sont pas une entité morale. Cependant si Montaigne rejette la modélisation politique, il s’appuie sur le modèle de Rome.

On cite souvent Montaigne par citations isolées car il est difficile de se référer à un seul passage : c’est dans la continuité que Montaigne affiche sa pensée, par l’élaboration d’une structure argumentative : il prend pour base un fondement moral commun à tous et met d’accord sur un point qui est la base des autres. Montaigne utilise des exemplum car le cas particulier, au lieux de confirmer l’analyse, lui donne une autre orientation et l’infirme : c’est le contraire de l’argument d’autorité. Il suit en même temps deux méthodes : une méthode « individuelle », du particulier, qui organise le discours autours d’un exemple et une méthode issue de l’exégèse qui se place bien au dessus du sujet : ici la politique.

Les guerres de religion, marquées par la violence, les atrocités et l’injustice ont conduites Montaigne à refuser catégoriquement toute implication dans la politique. Puisque toute conviction à tendance à se muer en fanatisme, Montaigne préfèrera se montrer impartiale : « Mon opinion est qu’il faut se prêter à autrui et ne se donner qu’à soi même » et affirmer qu’il donne ses analyses pour ce qu’elles valent. Face à ses luttes qui déchirent la France, Montaigne garde sa lucidité car la question religieuse n’est plus qu’un prétexte aux débordements et aux convoitises : « La justice qui est  pour l’un des partis, elle n’y est plus que pour ornement et couverture. »

Cette indifférence apparente à la pratique politique ne peut se traduire comme du désintéressement pour la France, frappée par les Guerres de Religion : « Platon, maître ouvrier en tout gouvernement politique, ne laissa pas de s’en abstenir » : Montaigne affirme donc que celui qui sait le mieux parler de politique est celui qui s’est abstenu de gouverner : « Nous ne conduisons jamais bien la chose de laquelle nous sommes possédés et conduits » (livre3 chap10)

Pourtant, il refuse la posture qui consisterait à juger de l’extérieur, en dehors de toute considération concrète de la politique.

La notion d’usage amène Montaigne à affirmer que le changement entraîne la tyrannie et qu’on ne peut prendre une société à neuf, il faut toujours composer avec ce qui précède. Son conservatisme n’est nullement idéologique mais se veut de l’ordre du bon sens. Dans son œuvre, Montaigne fait aussi la différence entre « l’homme privé » et « l’homme politique » : le changement doit donc être le plus particulier possible car le changement le plus radical serait le changement d’attitude morale que l’on peut faire adopter à un individu mais beaucoup plus difficilement à un ensemble d’hommes. Toujours dans cette altérité de l’homme privé et de l’homme politique, Montaigne fait remarquer que l’homme privé est soumis à une morale beaucoup plus stricte que celle de l’homme politique car si la trahison peut être utile à l’état, elle est toujours nuisible au particulier qui la pratique. Montaigne juge la politique immorale car les aux hommes d’état se permettent d’abandonner l’honnêteté : pour eux l’utilité publique est plus importante que la vertu individuelle.

Montaigne développe cet étrange commentaire de l’immoralité politique dans son chapitre « de l’utile et de l’honnête » qui fait référence à un dilemme de l’antiquité : soit l’on considère que tout ce qui est au fondement du droit est de la force et donc tout est permis pour atteindre le pouvoir, soit il existe en nous un principe moral que l’on doit mettre au dessus de tout. Pour le démontrer, il formule beaucoup  de paradoxes : par exemple à peine a-t-il évoqué la possibilité que les lois puissent servir de fondement à l’honnêteté qu’aussitôt il remarque que l’on peut commettre des crimes en son nom. La raison d’état parait inévitable et oblige à agir contre la vraie justice : la politique étant l’intérêt, la raison d’état ; ce n’est pas la justice. En revanche le privé, c’est la morale et la possibilité de forger des règles de vie inébranlables.

Son point de vue à l’égard du pouvoir, s’il est sceptique dans les affaire humaines : « Les princes me font assez de bien quand ils ne me font point de mal » est en revanche optimisé par la foi en un ordre supérieur qui organise le monde.

En conclusion, pour Montaigne, les questions politiques se résolvent en questions de morale.

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